La sexletter #12, par Charles.co et Claire Alquier
Le mot par Charles.co
Bonjour à tous et à toutes,
De la puberté jusqu'à la fin de la vie, l'érection fait partie de notre quotidien et notre sexualité. La sexologue Claire Alquier fait le tour de la question, vous offre des informations, des pistes et des idées pour mieux comprendre ce phénomène qui passionne tant.
Nous vous souhaitons une bonne lecture et surtout une excellente journée.
L'érection, par Claire Alquier
Du latin erectio (action d’élever, de dresser) et dérivé du verbe erigere (mettre droit, ériger),lorsque l’on parle d’érection, on parle aussi de ces moments où elle ne vient pas, où elle retombe, où elle ne vient plus.
Bref, de ces moments où elle se fait capricieuse, impalpable, de ces fois où on a l’impression de ne plus la comprendre et encore moins de la maîtriser. De ces moments où la fonction devient finalement dysfonction.
Les dysfonctions érectiles font partie des troubles sexuels les plus fréquents. Ils touchent 4 millions de français et c’est un sujet encore tabou, dont on ne parle que trop peu, par peur, pudeur, honte ou gêne… Bien souvent, les personnes qui en souffrent se retrouvent démunies face à leurs difficultés et vivent seules cette souffrance.
Or, cette dysfonction s’accompagne, se traite, se soigne, de bien des manières selon sa/ses cause.s. Et bien souvent, le simple fait de commencer par en parler et de prendre la problématique en charge soulage beaucoup : non, vous n’êtes pas seuls.
Avant de voir comment on peut s’en occuper, je vous propose un petit état des lieux de ce qu’est l’érection et de ce qui peut causer ses faiblesses.
Comment fonctionne l’érection ?
Attention spoiler : ce n’est pas du tout aussi simple que ce que l’on pense. En effet, une érection nécessite que le cerveau, le système nerveux, le cœur, les vaisseaux sanguins et les hormones (oui, tout ça) travaillent en parfaite harmonie.
Si tout se passe bien, le pénis va se gonfler et se mettre en tension, à mesure qu’il se remplit de sang. C’est en effet ce dernier, en s’engouffrant dans le pénis, qui va lui permettre dans un premier temps d’augmenter de
volume, puis dans un second temps de devenir rigide.
Comme souvent en matière de sexualité, tout commence au niveau du cerveau. Suite à une stimulation sexuelle (une excitation, un fantasme, une pulsion, une caresse, une odeur, un souvenir…), les zones du cerveau dédiées se déclenchent, et hop, un influx nerveux est envoyé du cerveau au pénis, tel un petit courant électrique.
Cet influx va libérer plusieurs molécules chimiques qui vont donner notamment l’ordre aux artères de se relâcher. Une fois que c’est fait, ces dernières s’ouvrent et permettent donc au sang de s’engouffrer dans le pénis (ce qui permet donc d’obtenir une érection, on l’a vu un
peu plus haut).
Le fait que le sang entre et sorte du pénis permet de maintenir l’érection ainsi que d’oxygéner le pénis (habile, n’est ce pas ?). Pour que ce va-et-vient se passe bien, il faut donc que les artères restent bien ouvertes. Vous me suivez ?
Vous le voyez, l’érection n’est pas juste une affaire d’excitation ou de réaction mécanique, et elle n’est possible que lorsque tous les facteurs sont réunis.
Si l’on résume, les ingrédients essentiels à l’érection sont donc :
- Une excitation, un désir sexuel, aka le starter ;
- Un système neurologique qui fonctionne bien (pour amener l’information du cerveau vers le pénis) ;
- Des artères, des veines et des muscles au niveau du pénis qui fonctionnent correctement ;
- Un équilibre hormonal qui va coordonner toutes les actions ;
Fatalement donc, tout ce qui peut perturber l’excitation, le désir, le système neurologique, les artères, les veines ou le système hormonal, peut perturber l’érection et donner une dysfonction érectile.
À ce stade, notons qu’il existe différentes formes de dysfonction érectile :
- Une érection présente mais insuffisante (érection faible) ;
- Une érection présente puis qui retombe pendant l'acte ;
- Une érection absente ou moins bonne uniquement pendant les rapports sexuels, mais conservée en dehors des rapports (la nuit, le matin, lors d’une excitation en journée etc.)
- Une érection absente lors des rapports sexuels et dans toutes les autres situations ;
Les troubles ne sont pas tous à mettre au même niveau, et la problématique est aussi significative quand les troubles s’inscrivent dans la durée (plus de 3 mois) et dans la récurrence.
Malgré tout, il s’agit de se rappeler que c’est la souffrance de la personne concernée qui sera le curseur principal de l’évaluation.
Les causes de la dysfonction érectile
Plusieurs causes physiques et/ou psychologiques peuvent bouleverser, voire totalement bloquer les mécanismes de l'érection. Les problèmes d’érection pouvant avoir des origines multiples et variées, il est important de pouvoir les repérer afin de pouvoir les prendre en charge au mieux.
- L’âge : les risques de difficulté augmentent avec le vieillissement de l’organisme. Une personne plus jeune en bonne santé aura en moyenne des érections plus facilement et plus durables. Avec l’âge, les facteurs physiques peuvent être prédominants (mais pas que), et les traitements médicamenteux pourront aider ;
- L’andropause, la baisse de testostérone altère logiquement la qualité de l’érection ;
- Une période de vie difficile, les soucis du quotidien (sur le plan physique, médical, professionnel, personnel, familial, affectif, social…) ;
- Le stress, la pression sociale (quel qu’il soit, l’un des pires ennemis !) ;
- Les conséquences d’un ou plusieurs traumatismes qui ont pu survenir dans votre vie ;
- Une relation de couple difficile, violente (psychologiquement ou physiquement), qui ne vous épanouis pas ;
- Des violences passées ou actuelles ;
- Un bouleversement de votre corps, de votre image, qui fait que vous ne vous reconnaissez plus ;
- La fatigue chronique, le manque d’activité physique ;
- Des consommations de tabac, d’alcool ou de drogue ;
- Un traitement médical ;
- Une maladie (cardiovasculaires, dépression, troubles hormonaux, affections hématologiques ou neurologiques…) ;
- Le niveau d’excitation sexuelle : cela implique donc la libido, mais également votre santé sur le plan hormonal ;
- Le désir et ses fluctuations (qu’on soit en couple ou pas, le désir est mobile et évolue) ;
- Les tabous, la gêne, l’anxiété qui peuvent parfois bloquer et empêcher la sexualité ;
- Des questionnements sur sa sexualité, ses fantasmes, son identité sexuelle, ses pratiques…
Il est important de considérer que les troubles érectiles peuvent être multifactoriels, et que donc il s’agit de regarder l’ensemble du tableau : de considérer qu’il peut y avoir des situations ou symptômes déclencheurs psychologiques aussi bien que des causes organiques.
Finalement…
La dysfonction érectile est la difficulté ou l’incapacité d'un homme à obtenir ou à maintenir une érection suffisante pour avoir un rapport sexuel satisfaisant. Cette définition laisse donc une grande part à la subjectivité et au ressenti de la personne et il me semble très important de poser le fait qu’un homme ne se définit pas par ses capacités érectiles.
Il est tout aussi précieux de noter que, malgré un trouble de l’érection, un homme peut tout à fait ressentir du désir, avoir du plaisir, un orgasme et même éjaculer. Donc, qu’il peut avoir une sexualité épanouie.
En revanche, si cela entraîne un impact négatif sur l’épanouissement personnel, si cela questionne ou fait souffrir, n’hésitez surtout pas à en parler à un médecin sexologue sur charles.co. Vous pouvez aussi vous référer au programme MASTER (Maîtrise Appliquée du Stress et de l’Érection), mis en place par charles.co et le Dr Bou Jaoudé, qui vous permet de pallier aux problèmes d’érection.
Pour pallier une érection insatisfaisante, vous l’avez compris, il y a plusieurs points à creuser et potentiellement à prendre en charge : la piste pathologique, hormonale, la piste psychologique… Le corps et l’esprit sont étroitement liés, entretenir les deux est la clé pour se sentir bien avec soi-même.
Vous pourrez bien évidemment choisir de vous faire accompagner par des professionnel.le.s compétent.e.s dans différents domaines (psychologues, sexologues, médecins généralistes ou spécialistes, nutritionnistes…), mais vous pouvez aussi avoir une prise directe sur quelques aspects de votre vie quotidienne, en observant votre mode de vie et en le réajustant peut-être un peu… si vous le souhaitez !
Les petits trucs qui jouent sur l’érection, par Claire Alquier
Les fruits et légumes ont notamment un effet bénéfique sur la circulation sanguine.
Réduction du stress, amélioration des capacités cardiovasculaires, libération d’endorphines, création de testostérone… Oui, tout ça !
Il permet de réguler un certain nombre de sécrétions hormonales nécessaires à la sexualité.
À tester chez vous, si le cœur vous en dit
Sexe et cinéma
Saviez-vous que la représentation de la sexualité dans le cinéma non pornographique a longtemps été interdite et qu’un film pouvait être classé X dès lors qu’il montrait au minimum un pénis en érection ?
C’est à partir du milieu des années 1960 que le cinéma a commencé à repousser les limites de ce que l’on pouvait montrer sur un écran. Et aujourd’hui, on trouve de nombreux films où des séquences de nature sexuelle sont montrées.
À nouveau ici, une division s’opère : d’un côté le cinéma où les scènes sexuelles sont simulées versus celui où les cinéastes ont fait le choix d’une mise en scène beaucoup plus explicite.
Nota bene : la différence entre ces films et ceux classés X est que, malgré la présence de ces séquences isolées, l’essentiel des films n’est pas pornographique, car l’objet du film n’est pas l’acte sexuel en soi. Malgré cela, la sortie de tels films est parfois accompagnée de controverses et certains ne peuvent être diffusés dans le circuit des salles classiques qu’en version censurée…
Notre sélection de films où l’érection masculine a pu être mise à l’honneur...
Nous vous laissons le soin, si votre curiosité vous y pousse, de rechercher si les dites scènes ont été simulées ou pas.
- Shame, de Steve McQueen ;
- Antichrist, de Lars Von Trier ;
- Ken Park, de Larry Clark ;
- L’inconnu du lac, d’Alain Guiraudie ;
- American Pie, de Paul et Chris Weitz ;
- Love, de Gaspard Noé ;
- L’empire des sens, de Nagisa Oshima ;
- Boogie nights, de Paul Thomas Anderson ;